Le contrôle médical permet de vérifier, dans un cadre strictement réglementé, si un salarié est bien dans l’incapacité de travailler pour raisons médicales. Il peut être déclenché dès le premier jour d’absence, et ses conséquences sont parfois lourdes : suspension du salaire garanti, désaccord avec le médecin traitant, voire litige devant un arbitre médical.
Que vous soyez employeur, travailleur ou médecin, mieux comprendre le fonctionnement du contrôle médical vous évitera bien des erreurs et des tensions inutiles.


C’est quoi le contrôle médical ?
Le contrôle médical est une procédure qui permet à un employeur ou à un organisme d’assurance maladie‑invalidité de vérifier la réalité de l’incapacité de travail d’un salarié ou d’un assuré. Il s’agit d’une visite médicale effectuée par un médecin-contrôle qui évalue si l’état de santé du travailleur justifie son absence.
Selon la situation, il peut intervenir au domicile du travailleur, sur le lieu de travail, ou dans son cabinet médical.
Le contrôle médical est ordonné pour éviter les abus, encadrer l’absentéisme, et préserver l’équilibre organisationnel des entreprises ou institutions.
Il ne faut pas confondre le contrôle médical avec la médecine du travail, qui se concentre sur la prévention et l’aptitude au travail.

Base juridique du contrôle médical
Le cadre légal du contrôle médical en Belgique repose sur :
- La loi du 3 juillet 1978 sur les contrats de travail : l’employeur a le droit de vérifier si une absence est justifiée tout en garantissant le paiement du salaire garanti,
- La loi du 13 juin 1999 relative à la médecine de contrôle : elle impose que les médecins-contrôleurs soient indépendants, disposent d’au moins 5 ans d’expérience, et se limitent à un avis sur la justification de l’absence sans poser de diagnostic.
Qui peut demander un contrôle médical ?
Un contrôle médical peut être demandé par :
✅ Employeurs : en cas de doute sur la véracité d’un certificat ou pour lutter contre l’absentéisme,
✅ Organismes publics : Medex (fonction publique fédérale), FWB (enseignement)…,
✅ Mutualités (Partenamut, Solidaris, Mutualité Neutre, Mutualité chrétienne…) : dès le 7e mois d’incapacité ou pour vérifier une prolongation,
✅ Travailleur lui-même : pour prouver sa bonne foi en cas de litige.
Dans quelles situations est-il ordonné ?
Le contrôle médical peut être ordonné dans plusieurs cas de figure : lors d’une absence de courte ou longue durée, en cas de suspicion d’abus (absences fréquentes ou comportement jugé douteux), ou encore lorsque des incohérences sont relevées dans les certificats médicaux transmis par le travailleur.
Où et comment se déroule le contrôle médical ?
Le contrôle peut avoir lieu :
Lieu | Conditions |
---|---|
À domicile | Entre 8h et 21h (Medex : jusqu’à 20h). En cas d’absence, une carte est laissée |
En cabinet médical | Si le salarié est convoqué (souvent moins cher pour l’employeur) |
Au lieu de travail | rare, souvent pour les contrôles de reprise |
En centre INAMI | Pour les convocations par le médecin-conseil des mutualités |
Combien coûte un contrôle médical chez un médecin ?
Le coût d’un contrôle médical varie selon le prestataire (Securex, Mensura, etc.) et s’élève généralement entre 87,20 € (ex : Securex) et 150 € par visite, à la charge de l’employeur ; le travailleur, lui, ne paie rien, sauf éventuellement les frais de déplacement si le contrôle se fait au cabinet du médecin.
✅ Obligations :
- Être présent à l’adresse indiquée sur le certificat médical,
- Se présenter au rendez-vous si une convocation est laissée,
- Informer immédiatement l’employeur de tout changement d’adresse temporaire,
- Fournir les documents médicaux nécessaires.
✅ Droits :
- Être examiné dans des conditions dignes et confidentielles,
- Être accompagné (médecin traitant, proche),
- Refuser l’avis, avec droit au recours via un arbitre médical.
Si le travailleur est absent sans justification, refuse l’examen, fournit une adresse incorrecte ou ne se présente pas au cabinet, le contrôle médical est considéré comme non valable et peut entraîner la suspension des indemnités.
Alors il risque des conséquences telles que la suspension du salaire garanti, l’arrêt des indemnités versées par la mutualité, d’éventuelles sanctions disciplinaires, voire la perte d’ancienneté ou de droits sociaux dans certains cas comme celui de la FWB et, dans les cas les plus graves, une rupture du contrat de travail pour motif grave.
En cas de contestation de l’avis du médecin-contrôle, une procédure d’arbitrage peut être engagée avec la désignation conjointe d’un médecin-arbitre neutre, dont la décision est contraignante et rendue dans un délai d’environ 5 jours ouvrables
Étape | Délai | Responsable |
---|---|---|
Contrôle dès 1er jour | 8h00–21h00 (ou 20h00) | Securex, Medex, FWB |
Réaction au rapport | 2 jours ouvrables | Travailleur |
Arbitrage | 2 jours ouvrables | Médecin-arbitre |
Information à l’employeur | Immédiate | Médecin-contrôleur |
Changement d’adresse | Avant le déplacement | Travailleur |
Voyage à l’étranger | Min. 1 semaine avant | Travailleur + Autorisation médicale |
Le salaire garanti (payé par l’employeur pendant les premiers jours d’incapacité) peut être :
- Maintenu si l’incapacité est confirmée,
- si l’incapacité est jugée injustifiée par le contrôle,
- En cas de désaccord : suspension temporaire jusqu’à décision du médecin-arbitre.
L’avis du médecin-contrôleur prévaut sur celui du médecin traitant, sauf en cas d’arbitrage.

Le travailleur en incapacité doit informer immédiatement son employeur de toute modification d’adresse temporaire.
Si vous partez à l’étranger :
Destination | Autorisation requise ? |
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UE / EEE / Suisse | Non, mais notification obligatoire du Service des indemnités de votre mutualité de la période couverte par vos vacances à l’étranger |
Hors UE / EEE | Oui, autorisation du médecin-conseil indispensable |
FWB (enseignement) | Certificat + autorisation préalable (min. 1 semaine avant) |
Résumé : Fiche pratique
Question | Réponse courte |
---|---|
Combien coûte un contrôle médical ? | À partir de 87,20 € (ex : Securex) |
Qui peut demander un contrôle médical ? | Employeur, administration, mutuelle, travailleur |
Où a lieu le contrôle ? | Domicile, cabinet, centre médical (INAMI/Medex) |
Que se passe-t-il si je refuse le contrôle ? | Suspension salaire et/ou indemnités |
Comment contester une décision ? | Arbitrage médical dans les 2 jours |
Dois-je prévenir si je change d’adresse ? | Oui, obligatoirement |
Une étape essentielle dans la gestion des absences pour maladie
Le contrôle médical est un outil essentiel pour encadrer l’absentéisme tout en respectant les droits des travailleurs. Il implique des obligations claires pour le salarié et des procédures précises pour l’employeur et l’organisme de contrôle.
Bien appliqué, il limite les coûts directs et indirects liés aux absences, favorise la transparence et assure un équilibre entre sécurité juridique et bien-être des travailleurs.
FAQ
Peut-on être contrôlé pendant le week-end ?
Oui, en principe non. Les contrôles se font du lundi au samedi matin, mais pas les dimanches et jours fériés (excepté en cas d’accord spécifique).
Mon médecin et le médecin-contrôleur ne sont pas d’accord : qui décide ?
C’est l’arbitre médical, neutre, qui tranche. Son avis est définitif sauf décision judiciaire.
Le médecin conseil peut-il obliger à reprendre le travail ?
Il peut recommander, mais seul le médecin-arbitre a le dernier mot en cas de désaccord.
Que fait un médecin-contrôle face à une dépression, un burn-out ou d’autres troubles mentaux ?
Lorsqu’un travailleur présente des problèmes psychologiques comme la dépression, le burn-out ou le stress intense, le médecin-contrôle évalue son incapacité à travailler. Ces troubles demandent souvent un temps de récupération plus long et comportent un risque de rechute plus élevé que pour des affections physiques. Le diagnostic peut être complexe, car les signes varient selon les individus. Il est généralement difficile de prévoir avec exactitude la durée nécessaire pour un retour complet au travail.