Accord Arizona : les réformes clés en Belgique

Par Sophie Layson • Publié le 25 avril 2025 • Temps de lecture estimé : 10 minutes

Depuis les élections de juin 2024, les négociations gouvernementales ont été longues et complexes. Après sept mois de discussions, l’accord Arizona a finalement vu le jour le 31 janvier 2025. Les 5 partis à la table des négociations ont réussi à s’entendre sur plusieurs réformes majeures. Ces réformes touchent des domaines clés tels que le marché du travail, les pensions et la politique migratoire.

Vous souhaitez comprendre ce que cet accord va concrètement changer pour vous ? Voici un décryptage clair des principales mesures de l’accord Arizona.

Image où figurent des dossiers d'allocations chômage, de fiches de paie, certains sujets concernés par l'accord Arizona.
Les réformes de l’accord Arizona redessinent l’avenir socio-économique de la Belgique.

Les principales réformes de l’accord Arizona en Belgique 

Après 236 jours passés à négocier, un accord a été conclu, le 31 janvier 2025. Cet accord concerne les principales questions socio-économiques qui divisaient les négociateurs. Cinq partis étaient autour de la table des négociations : la NVA, Vooruit, Les Engagés, le PR et le CD&V. 

L’accord tant attendu concerne des domaines clefs tels que : 

  • Le marché du travail, 
  • Les pensions
  • La question migratoire. 
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L’Arizona est le nom donné à la coalition formée par les 5 partis politiques chargés de trouver un accord gouvernemental, suite aux élections de juin 2024.

Les principales réformes du marché du travail

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L’Arizona met fin aux allocations de chômage illimitées en Belgique.

À la base des réformes du marché du travail, il y a un constat : le budget de la sécurité sociale est déséquilibré. En effet, les charges sociales de la Belgique augmentent plus rapidement que la croissance économique du pays.

Pour diminuer ce déséquilibre, les réformes visent donc à diminuer les charges sociales. Par charges sociales, on entend les aides sociales telles que les allocations de chômage.

Pour rééquilibrer le budget de la sécurité sociale, les réformes de l’Arizona visent à :

  • Augmenter le nombre de travailleurs, 
  • Diminuer le nombre de bénéficiaires d’allocations de chômage

À cette fin, les mesures visent à encourager le travail et à décourager, limiter et diminuer les aides sociales par :

  • L’augmentation des salaires,
  • La diminution des aides sociales et leur octroi à « ceux qui en ont vraiment besoin ».
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L’augmentation des salaires a comme objectif l’augmentation de la différence entre le salaire d’un travailleur et les allocations de chômage d’un demandeur d’emploi. Le gouvernement vise, en effet, une différence toujours supérieure à 500 €.

Limitation des allocations de chômage à 2 ans

Par ailleurs, pour pousser les demandeurs d’emploi à trouver un travail le plus rapidement possible, les allocations de chômage :

  • Seront plus élevées au début, les 6 premiers mois, de plusieurs centaines d’euros en plus mensuellement, 
  • Diminueront plus rapidement, 
  • Seront limitées à 2 ans maximum sauf exceptions.
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Les allocations mensuelles de chômage plus élevées les 6 premiers mois d’inactivité permettront une période de réorientation professionnelle plus sereine et confortable.

Au terme des 2 années de chômage, vous pourrez vous tourner vers le CPAS pour recevoir de l’aide et demander, notamment, le RIS (Revenu d’Intégration Sociale).

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Pour en savoir plus sur les aides du CPAS, prenez connaissance de nos articles sur le sujet :

Instauration d’un droit à la démission

Parallèlement, à la limitation des allocations de chômage, l’Arizona crée un droit à la démission. Tout employé en contrat à durée indéterminée, CDI ou en contrat à durée déterminée CDD, pourra donc bénéficier d’allocations de chômage suite à une démission. Cela facilitera la réorientation professionnelle

Les réformes des pensions  de l’accord Arizona

Les mesures en matière de pension ont comme objectif d’encourager les personnes à travailler plus longtemps et suffisamment.

À cette fin, au système de bonus existant qui récompense les personnes qui veulent continuer à travailler après l’âge de la pension légale, l’Arizona prévoit ajouter un système de malus

Le système de malus a comme objectif de pénaliser les travailleurs qui veulent partir à la retraite plus tôt avec une pénalité de 2 % par année anticipée. À partir de 2040, cette pénalité augmenterait à 4 %.

Par ailleurs, le gouvernement veut changer la manière de comptabiliser certaines périodes d’inactivité. En effet, aujourd’hui, certaines périodes non prestées sont assimilées à du travail et comptent donc dans le calcul de la pension. Tel est le cas, par exemple, des périodes de chômage ou de matérnité. 

L’Arizona doit encore s’accorder si assimiler à du travail les périodes suivantes :

  • De maladie,
  • De chômage,
  • De congé de matérnité.

La bonne nouvelle est celle de pouvoir partir à la retraite à 60 ans après 42 années prestées de minimum 234 jours de travail effectif. 

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En Belgique, l’âge de la pension légale est aujourd’hui fixé à 65.

Les réformes concernant les malades de longue durée

En Belgique, l’assurance maladie-invalidité vous indemnise lorsque vous ne pouvez plus travailler. Si vous êtes en incapacité de travail à cause d’une maladie professionnelle, d’un accident du travail, pour un congé de maternité ou encore un congé de paternité, la mutualité vous indemnise. 

Les réformes de l’Arizona concernent les incapacités de travail longue durée. Les malades longue durée seront plus contrôlés dans le but de : 

  • Faciliter leur réinsertion,
  • Accélérer leur réintégration,

Par ailleurs, il y a une volonté de responsabiliser financièrement les employeurs.

À cette fin, une plateforme électronique sera d’une part mise en place, sur laquelle les médecins traitants devront charger les certificats d’incapacité de travail. Cette centralisation des données permettra aux médecins conseil et du travail de prendre des mesures plus rapidement.

D’autre part, le médecin traitant devra détailler dans le certificat médical les tâches que le malade peut effectuer. Cela permettra de faciliter le trajet de retour au travail.

Par ailleurs, pour accélérer le trajet de réintégration, un employeur pourra prendre contact avec un employé malade dès le premier jour de son absence, avec l’accord de l’employé. Avant, l’employeur devait attendre 3 mois pour le faire. 

De plus, à la fin du parcours d’intégration, si l’employé ne peut toujours pas retourner au travail, l’employeur pourra le licencier pour raisons médicales après 6 mois au lieu de 9 mois. 

Enfin, jusqu’ici, l’employeur devait contribuer au paiement du premier mois d’absence puis, c’étaient les mutuelles qui prenaient 100 % en charge le salaire des travailleurs malades de longue durée. Avec les mesures du nouvel accord, l’employeur devra payer 30 % du salaire de leurs employés malades de longue durée les 2ème et 3ème mois de leur incapacité. 

Accord Arizona : réformes en matière d’asile et de politique migratoire

L’Arizona prévoit également un durcissement de la politique migratoire avec des mesures telles que :

  • La réduction de places d’accueil et l’augmentation des places en centre fermé, 
  • L’autorisation des visites domiciliaires
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Le droit international oblige l’accueil des demandeurs d’asile et la Belgique prévoit des aides pour les demandeurs d’asile.

La Belgique prévoit également des aides pour les personnes sans papiers et la possibilité de régulariser son statut de sans papiers à certaines conditions. 

L’Arizona entend ainsi :

  • Mener des campagnes dissuasives à destination des personnes qui envisagent de venir,
  • Durcir les critères d’examen des demandes, 
  • Renforcer la politique de retour.

En réduisant les arrivées, l’objectif est aussi de diminuer le besoin en infrastructures d’accueil, permettant ainsi de réaliser des économies budgétaires.

Une nouvelle ère politique et sociale en Belgique

L’accord Arizona marque un tournant dans les politiques socio-économiques et migratoires, avec des mesures fortes pour équilibrer le budget et stimuler l’emploi.

Vous serez directement concerné par ces réformes, que vous soyez travailleur, demandeur d’emploi, retraité ou en incapacité de travail. L’objectif du gouvernement est clair : responsabiliser chacun, réduire les dépenses sociales et encourager le travail. Reste à voir comment ces mesures seront mises en œuvre concrètement, si elles aideront à atteindre les objectifs visés et comment elles seront perçues par la population dans les mois à venir.

FAQ

1. Qu’est-ce que la coalition Arizona en Belgique ? 

La coalition Arizona en Belgique désigne une alliance politique entre 5 partis politiques : la N-VA, le MR, Les Engagés, Vooruit et le CD&V. Son nom fait référence aux couleurs des partis, évoquant le drapeau de l’Arizona. Le 31 janvier 2025, l’Arizona a conclu un accord de gouvernement, après 236 jours de négociations.

2. Quel est l’impact de l’accord Arizona sur les conditions pour bénéficier du chômage ?

Si vous travaillez 312 jours sur une période de référence de 36 mois, vous obtenez une année d’allocations de chômage. Chaque tranche de quatre mois de travail supplémentaire prolonge vos droits d’un mois. Des exceptions existent pour certains profils, notamment les travailleurs de 55 ans avec 30 ans de carrière.

3. Qu’est-ce qui change pour les allocations d’insertion avec l’accord Arizona ?

Avec le nouvel accord du gouvernement, les allocations d’insertion prévues suite à votre stage d’insertion professionnelle seront limitées à un an.

4. Est-ce qu’il existe des exceptions à la limitation des allocations chômage à deux ans ?

Oui, les allocations de chômage sont maintenues pour les demandeurs d’emplois qui sont en train de suivre une formation :

  • De 3 ans, 
  • Pour un métier en pénurie.

Les allocations de chômage pourraient également être maintenues pour les personnes qui suivent une formation dans l’enseignement

Par ailleurs, des exceptions sont également liées à :

  • L’handicap, 
  • L’âge. 

Les personnes de plus de 55 ans qui comptabilisent une carrière de plus de 30 ans en 2025, par exemple, sont aussi exemptées de la limitation des allocations de chômage.

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Sophie Layson
Économiste de formation, je suis une rédactrice web spécialisée dans la finance et les matières socio-économiques. Je collabore avec aide-sociale.be pour aider les lecteurs dans leurs questions sur les aides sociales disponibles en Belgique. J'aime également voyager, écrire des histoires et communiquer dans les diverses langues que je connais.

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